Marc SERVERA  RENCONTRE AVEC  MARC SERVERA
C'est le coup de coeur de 3-2-1-chansons ce mois-ci ! Et quel coup de coeur....
Je ne me disperserai pas à vous parler de lui , allez plutôt voir son
site , son myspace , écouter ses chansons en ligne encore et encore.... jusqu'à l'addiction ( je sais de quoi je parle...) !  Et sans doute vous aurez envie de vous offrir son tout nouveau CD " Terre de mômes " ou de l'offrir à vos amis pour les fêtes....
Avant de commencer l'interwiew de Marc , je vous invite à regarder cette très belle chanson/ vidéo : "Quatrième de couverture" .
Te souviens-tu de l'écriture de ta première chanson ? Et depuis .......combien en as-tu écrites ?
 
Oui, je m’en souviens très bien. Je sortais plus ou moins de l’adolescence et j’y réglais maladroitement quelques différends père-fils.
Depuis ces débuts, pour moi ou pour d’autres, j’ai dû en écrire deux bonnes centaines, dont beaucoup sont parties depuis à la corbeille ou ne sortiront pas du tiroir.

Comment pratiques-tu.......as-tu une méthode de travail ?
 
J’ai besoin pour me mettre au travail d’avoir une idée. Plus exactement, un angle. L’écriture d’une chanson est un peu comme un sommet à gravir. Il m’arrive d’en faire longtemps en bas le tour avant de trouver ce qui me paraît être un bon angle d’attaque pour l’ascension.

As-tu un ordre bien défini, paroles puis musique ? La rythmique et la mélodie te « trottent »-elles ensemble dans la tête ?
 
C’est variable, je peux travailler dans les deux sens, ou mener les deux plus ou moins de front.
J’aime qu’un texte puisse se goûter à plat, avec sa propre musique intérieure, qu’il s’agit alors de traduire en notes.
Partir d’une mélodie donne une métrique. Si c’est en plus une jolie mélodie, ça peut apporter un élan au travail d’écriture.

La page blanche te hante t-elle ?

Non, c’est plutôt quand elle commence à se noircir, quand une chanson a pris un peu forme, quand l’ascension a démarré. J’ai alors l’esprit en permanence accaparé jusqu’à l’avoir terminée.

As-tu des périodes privilégiées pour écrire ? Peux-tu écrire à la demande ?
 
Des périodes privilégiées, non.
Ecrire à la demande, oui. J’aime bien. Ça me permet d’élargir la palette, d’écrire sur un autre registre ou dans des directions différentes de ce que je ferais pour moi.

Ecrire est-il vital pour toi?
 
En amont, la lecture, la pensée, l’intériorité, me sont je crois plus indispensables que l’écriture.

Les périodes d'écritures sont-elles exaltantes ou déprimantes ?

Elles sont surtout accaparantes, parfois frustrantes quand on piétine.
En même temps, voir une chanson peu à peu prendre forme, sentir qu’on est en train de façonner un joli objet, la mener à terme, puis commencer à la chanter, l’ajuster, la patiner, tout cela constitue un plaisir vraiment unique. Un bonheur même.

Si tu devais donner un seul conseil à un débutant parolier, ce serait lequel?
 
Deux, peut-être.
D’abord, se nourrir, pas seulement de son propre vécu, expérience ou réflexion, mais de celles des autres, dont les grands auteurs, écrivains, penseurs, classiques ou contemporains. C’est fond et forme enrichissant.
Ensuite, être exigeant, ne pas se contenter. Il y a toujours un mot, une formule, une tournure, qui restitue au plus près, au plus beau, au plus ramassé, donc au plus fort, ce que l’on cherche à exprimer.

Ta chanson préférée ?

Tout Brassens,
et « Quand on n’a que l’amour », de Brel, pour l’universalité première du thème, la beauté simple du texte et de la mélodie, la force de l’interprétation.

Te sens-tu plus Auteur que Compositeur ? Estimes-tu que la musique et les arrangements soient aussi importants que le texte ?
 
Auteur avant tout.
J’aime beaucoup cette formule d’Aznavour : « La musique est ce qui fait venir les gens, le texte ce qui les fait rester ».
Une chanson n’est pas un poème. Elle entre d’abord par l’oreille, et il est important que la mélodie lui soit agréable.

Quel impact voudrais-tu que tes propres chansons aient auprès des gens ? Quelle est la mission de tes chansons ?

Je cherche à mettre dans mes chansons de la beauté et du sens.
La beauté a vocation à donner un peu de plaisir.
Le sens est une libre matière à réflexion, pour donner à voir, éventuellement un peu autrement…

Que penses-tu de la mise à l'écart  « médiatique » d'ACI comme toi ou d'autres de tes collègues comme Leprest , Bertin , Benin, Michele Bernard par ex !

Plus largement - et sans comparaison aucune - est-ce que Brassens débutant trouverait aujourd’hui le même écho qu’en son temps, non seulement dans la filière musicale mais auprès du grand public ? Rien n’est moins sûr.
La filière, plus soucieuse de rentabilité à court terme que de développement artistique, est sans doute en partie en cause.
Il me semble qu’un certain goût de la langue et notre capacité à la savourer se sont aussi globalement un peu émoussés…

Quel regard poses-tu sur la chanson française actuelle, son évolution, son avenir ?

Quantitativement, à l’heure du numérique, elle ne s’est jamais aussi bien portée.
Qualitativement, la situation est plus critique, parce que c’est dorénavant la notoriété qui fait le talent, non l’inverse.
Je crois quand même qu’il y aura toujours un besoin, une place, une soif même, pour les vrais beaux artisans.


Merci Marc....
 
 



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