RENCONTRE AVEC.... LES TITT NASSELS Photo C.VERDET
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Un vrai bonheur que d'écouter ces deux là.....ils chantent ensemble depuis 1998 et ils ont déjà enrégisté une douzaine d'albums.....et viennent de passer le mois d'avril au Lily flower's studio pour enregistrer 14 titres en compagnie de David Granier (batteur de la Grande Sophie et Sliimy) qui réalise leur album, avec également aux manettes Fabien Salzi. Non je n'ai pas de méthode précise. Je pars souvent sur une phrase et puis le reste suit. En général c'est cette phrase qui va déterminer le thème de la chanson. Avant j'écrivais systématiquement le texte avant la musique, et puis il m'est arrivé dernièrement de faire l'inverse. Dans la vie de tous les jours, les rencontres, les histoires persos, mais aussi parfois ce qui se passe dans notre société, des coups de gueules ou des portraits satiriques... Est-ce que ta gomme est un instrument utile pour écrire ? Je ne gomme jamais, je barre! J'écris avec une pointe fine noire, et je suis un maniaque, donc je supporte pas les ratures. Je peux avoir écrit 12 phrases et puis si la 13ème est pas bonne: je barre, mais si la 14ème n'est pas bonne non plus alors là je déchire la feuille et je réécris tout, ça m'énerve, c'est compulsif. Faut que ce soit propre pour que je me sente bien, chaque phrase (je dis phrase car "vers" c'est pour les poètes) est un accomplissement.
La rythmique et la mélodie te « trottent »-elles déjà dans la tête à l'ébauche d'un texte qui deviendra chanson ? C'est très rare. En général, une fois que j'ai cette fameuse 1ere phrase, je prends ma guitare et j'essaye de trouver une mélodie, puis ensuite me vient un rythme. Mais tout est lié, car cette mélodie et ce rythme vont forcément malgré moi orienter le texte dans une certaine direction. C'est là que je trouve qu'il ya une part de mystérieux, voire de mystique...pourquoi telle mélodie sur ce texte plutôt qu'une autre, pourquoi lorsque tu essayes avec un autre air ce n'est pas aussi bien ?
La page blanche te hante t-elle ? Elle ne me hante pas, elle m'agace. Mais je sais qu'en insistant tout va revenir. Je "brouillonne", je brouillonne, c'est mauvais, je déchire, parfois je repousse au lendemain...mais après quelques échecs je trouve La phrase et puis après ça déroule. J'écris très régulièrement, donc non je n'ai pas vraiment de période privilégiée. Ecrire à la demande n'est vraiment pas mon truc, je trouve qu'il y a une certaine pression qui s'installe (je me la mets surement tout seul), et pour ma part elle m'est néfaste. Pour moi l'écriture c'est une totale liberté, outre les règles minimales de rimes et de pieds (et encore) je ne m'impose rien, aucune règle. Alors si on me demande écrit ce que tu veux pas de problème, mais si on m'oriente je vais avoir tendance à m'en écarter.
Ecris-tu pour d'autres ? Ca m'est arrivé une fois pour le spectacle pour enfants de la Fée Mandoline, mais dans lequel je suis très impliqué, donc ça n'est pas vraiment écrire pour les autres. Je réponds déjà un petit peu à cela dans la question précédente, je ne crois pas que je serai capable d'écrire bien, si c'est une demande précise d'un autre. Par contre si un de mes textes plait et que que quelqu'un veut l'interpréter y' a pas de soucis. Mais c'est vrai qu'avec Sophie nous écrivons d'abord pour nous, pour les Tit Nassels. Oui, c'est un exutoire.
Les périodes d'écritures sont-elles exaltantes ou déprimantes ? Les deux. Quand tu parviens à écrire c'est exaltant, c'est ce que je disais plus haut, c'est un accomplissement, une trouvaille, puis tu déprimes (même si le mot est un peu fort) quand ça ne vient pas, quand tu n'es pas satisfait de ton travail.
Si tu devais donner un seul conseil à un débutant parolier , ce serait lequel? Je n'ai pas vraiment de conseil à donner, je ne suis pas très "ateliers d'écriture", je trouve que ça tourne en rond, qu'il faut faire le bon mot, que la forme devient plus importante que le contenu. Alors si j'avais un conseil, ce serait celui-là: s'imposer le moins de règle possible.
Ta chanson préférée ? Estimes-tu que la musique et les arrangements soient aussi importants que le texte ? La musique pour moi sert le texte, mais l'un ne va pas sans l'autre. Un bon texte sur une musique médiocre ça donne un texte qui passe inaperçu. Un mauvais texte sur une bonne musique ça donne: un tube! ;-)
La musique met en lumière le texte, pas l'inverse. Sans elle, le texte ne vit pas ou alors ce n'est plus de la chanson. Donc oui la musique est aussi importante, la mélodie tout du moins. Les arrangements non, c'est secondaire. Une chanson ne peut être bonne que si elle l'est déjà guitare-voix, elle doit se suffire à elle-même...les arrangements c'est l'enveloppe. Pour terminer, comment vois-tu l'avenir des artistes comme vous les « TIT' NASSELS » c'est à dire l'avenir de ceux qui colportent la bonne chanson Française) ? Plus précisément peut-on vivre correctement de son Art aujourd'hui ? L'avenir des Tit Nassels, je le vois d'une manière tranquille, on continue notre bonhomme de chemin, nous avons trouvé notre rythme de croisière qui nous correspond parfaitement. Nous évoluons avec Sophie comme nous avançons dans la vie. C'est une histoire d'amitié donc il ne peut pas en être autrement. Nous chantons avec humilité je pense nos vies et celles de ceux qui nous entourent, donc tant que les gens s'y reconnaitront je ne vois pas ce qui pourrait nous faire changer. Nous continuons d'apprendre professionnellement parlant, et surtout nous continuons à faire des rencontres, comme disait Brel à "aller voir". C'est vraiment ce que nous essayons de colporter. Pour ce qui est de vivre de son art, c'est quand même plus difficile aujourd'hui qu'il y a 10 ans. (cf la modification du statut d'intermittent qui est devenu plus rude). Si nous commencions aujourd'hui je ne sais pas si les choses se passeraient aussi bien pour nous, toujours à cause de ce durcissement de statut. C'est ce statut même s'il est instable qui nous a permis de continuer pendant toutes ces années. Nous vivons de notre musique depuis 10 ans, on se rend compte tous les jours de la chance que l'on a. Mais nous nous rendons compte également de la fragilité de cette chance. Pour les artistes de notre rang, ce sont les concerts qui nous permettent de vivre confortablement, et non pas les disques. Heureusement, car c'est véritablement le spectacle vivant, ce sont les spectateurs qui nous font vivre...et non pas le marketing ou le marché du disque...même si aujourd'hui le spectacle vivant à tendance à se "marketiser" lui aussi. Les temps sont durs à tous les niveaux, et par la force des choses la culture aussi. Les programmateurs prennent moins de risque qu'avant, il y a cette notion de remplissage, de faire du rentable qui devient de plus en plus présente. C'est un fait. Y a t-il une question , auquelles tu aurais aimé(e) répondre et que je ne t'ai pas posée ? Oui, je n' aurais pas spécialement "aimé" que tu me la poses, mais je suis surpris que tu ne l'aies pas fait: l'écriture en commun ? Etant donné que nous sommes un duo on nous pose souvent cette question: "est-ce que vous écrivez à deux?" Donc la réponse est non, mais j'aimerai bien un jour écrire le texte d'une chanson avec Sophie. Nos écritures nous sont propres comme tout un chacun, donc différentes, mais je serai curieux de voir ce que pourrait donner ce mariage...alors comme on dit affaire à suivre.
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