RENCONTRE AVEC ALAIN SOURIGUES Une première fois, à la 2Deuche de Lempdes, 3-2-1-chansons avait complètement "craqué" pour son spectacle « Poings Sensibles » ! Quatre mois après, "rebelotte" à la "Muscade" de Blanzat....avec toujours le même plaisir ! Le "Gascon" frappe toujours aussi fort, toujours plus fort !!! Depuis longtemps on lui connaissait une plume d’orfèvre à l’encre tantôt poétique, tantôt humoristique sur papier musique de trame inspirée, maligne et exigeante. Alors, ce prince est tout à la fois comédien, chansonnier, illusionniste. Alain, a bien voulu répondre à quelques unes de mes questions ! Alain, c'est surtout à l'auteur que je m'adresse aujourd'hui. Te souviens-tu de l'écriture de ta première chanson ? Oui, une idiotie de jeunesse sur deux accords du temps du lycée. Il faut bien commencer. C'était nul mais c'est émouvant d'y repenser. Très peu de personnes peuvent se plaindre de l'avoir entendue. Et depuis, combien en as-tu écrites ? Je n'ai pas compté et je ne suis pas très productif. Disons peut-être une centaine… Dont un nombre non négligeable à ranger dans les déchets d'œuvres. Et beaucoup de débuts, plus ou moins longs, de chansons qui dorment et qui attendent leur heure. Dans la catégorie « chansons finies », je pense pouvoir en interpréter une cinquantaine sans trop de douleur. Comment pratiques-tu ? As-tu une méthode de travail ? As-tu un ordre bien défini, paroles puis musique ? La rythmique et la mélodie te "trottent-elles" ensemble dans la tête ? Je n'ai pas vraiment de méthode. C'est valable pour tout ce que j'entreprends d'ailleurs, je ne suis pas méthodique. J'ai toujours détesté faire des plans par exemple. Ma pensée est trop foisonnante (et confuse à la fois) pour que je m'y retrouve et que je dégage une idée-force de façon à établir une progression bien comme il faut, comme il faudrait. Je me laisse entrainer par ce qui vient naturellement. Le plan se dégage de lui-même… et je l'en remercie. Je dis souvent que ce sont surtout les mots qui m'ouvrent les chemins possibles que je ne soupçonnais pas. Je persiste à le dire. J'ai longtemps écrit les paroles en premier sur lesquelles j'imaginais une ou plusieurs musiques. Aujourd'hui, le cas le plus fréquent c'est que je mène de front les deux parties qui se nourrissent mutuellement. Mais j'ai aussi écrit des textes sur des musiques existantes et c'est une façon de procéder que j'aime beaucoup. En fait, j'ai peut-être plusieurs méthodes… La page blanche te hante-t-elle ? Il peut m'arriver d'être inquiet de manquer d'inspiration pendant des mois mais ça ne me hante pas plus que ça. Je ne me mets d'ailleurs jamais vraiment devant une page totalement blanche, j'ai toujours un début qui traîne et qui m'incite à poursuivre. As-tu des périodes privilégiées pour écrire ? Peux-tu écrire à la demande ? Il y a des moments, très rares, où je sens physiquement le besoin d'écrire et où ça vient plutôt facilement. Je ne sais pas dire si c'est plutôt l'été ou l'hiver, le jour ou la nuit. C'est assez mystérieux et aléatoire. Je le prends quand ça arrive. Ce qui, en revanche, déclenche souvent chez moi le réflexe d'écriture et de composition, c'est la marche. Mais je crois que c'est assez courant, si j'ose dire… Écrire à la demande ou à la commande, ça m'est arrivé avec des bonheurs divers. C'est intéressant pour de nombreuses raisons et ça oblige à s'y mettre… J'espère que ça m'arrivera encore mais ce n'est peut-être pas mon exercice préféré. Écrire est-il vital pour toi ? Si je prends le mot vital pour ce qu'il veut dire, non. Je peux rester des mois sans écrire sans que ça me soit fatal. Dans un sens plus relatif, il y a toujours un moment où ça me démange. Je ne veux pas dire que ça m'est naturel et que ça revient régulièrement au galop… Disons que c'est devenu une sorte de manie. En fait, ce que j'écris le plus, ce sont des notes, comme un dessinateur qui fait des croquis sur le vif et qui les accumule en attendant de travailler un peu plus l'un d'entre eux… Les périodes d'écritures sont-elles exaltantes ou déprimantes? Puisque j'ai le choix entre ces deux adjectifs, je dirais sans hésiter : exaltantes. J'ai d'autres et de meilleures raisons de déprimer. Je perçois comme un grand plaisir le fait d'écrire, de chercher, de sécher, de raturer, de me faire rire, de trouver une belle image, une harmonie et de mettre un point final à une petite chanson. Ne passons pas à côté des choses simples de la vie, pour paraphraser un jambon. Si tu devais donner un seul conseil à un débutant parolier, ce serait lequel ? Mon penchant naturel ne me porte pas trop pas à donner des conseils mais j'en ai un que je suis (de suivre) depuis longtemps : "C'est quand ça a l'air fini que ça commence." C'est un conseil très profitable, me semble-t-il. Ta chanson préférée ? Peut-être La Princesse et le croque-notes de Brassens, pour m'en tenir à la chanson française puisque c'est le sujet et que c'est la première qui me vient. Mais c'est vraiment une question vache… Combien de chefs d'œuvres ? Combien de marins ? Et je ne te raconte pas les capitaines… Te sens-tu plus auteur que compositeur ? Estimes-tu que la musique et les arrangements soient aussi importants que le texte ? Je me sens plus auteur, bien que je sois autodidacte dans les deux disciplines. La musique est évidemment aussi importante que le texte, qu'elle soit simple ou plus orchestrée. L'important est qu'elle aille comme un gant au texte, qu'elle le serve. Quel impact voudrais-tu que tes propres chansons aient auprès des gens ? Quelle est la mission de tes chansons ? Je ne me pose pas trop la question. Si elles trouvent des oreilles attentives, c'est déjà ça et si en plus elles peuvent procurer un peu de plaisir, émouvoir ou faire rire, c'est encore mieux. De là à dire que je les charge d'une mission… Je ne peux pas le dire. Je les propose, c'est tout. Que penses-tu de la mise à l'écart «médiatique» d'ACI comme toi ou d'autres de tes collègues ? Je ne maitrise pas les tenants et les aboutissants de la politique et des stratégies des diffuseurs, tout ça me dépasse largement. C'est un peu le problème de la poule et de l'œuf… Qui de l'offre ou de la demande ? Je constate en le déplorant bien sûr qu'il y a de grosses différences. Mon média à moi, c'est la scène… et moi. Quel regard poses-tu sur la chanson française actuelle, son évolution, son avenir ? Ce n'est pas une chose qui m'obsède ni à laquelle je réfléchis souvent. Je suis un peu aquoiboniste… d'une manière générale. Y a-t-il une question à laquelle tu aurais aimé répondre et que je ne t'ai pas posée ? Non. Merci Alain pour ta disponibilité. |