RENCONTRE AVECLAURENT BERGER |
Photo Jacques Charreton
Depuis quand écris-tu et qui t'as donné l'envie d'écrire ? J’ai essayé assez tôt, en apprenant la guitare, de chercher des musiques, dès l’adolescence, avec en tête les chansons de mes chanteurs préférés, j’ai essayé de faire quelques chansons qui bien sur ressemblaient beaucoup à celle de Renaud , Cabrel ou Téléphone. Plus tard, après avoir essayé d’écire en langue anglaise pour cause de découverte des Beattles, de John Lennon ou de Bob Dylan, c’est véritablement Brel qui m’a fait basculé dans un style d’écriture nourri d’images et de raccourcis poétiques. Mes premières chansons véritablement écoutables datent de cette époque, entre 20 et 22 ans. Il y en a certaines qu’il m’arrive encore de chanter parfois comme « Quel est mon nom ». Comment pratiques-tu.......as-tu une méthode de travail ? Non, je n’ai pas véritablement de méthode, en particulier, je ne me mets pas tous les jours à ma table de travail en forçant l’inspiration. Mais je rumine pas mal de choses, des idées, des images, des thèmes, deux trois vers, parfois je prends des notes. Un jour, un texte arrive, qui coule relativement facilement, et je m’aperçois alors qu’il reprend bon nombre des notes que j’avais pu prendre. Parfois aussi, je peux avoir une idée que j’oublie dès le lendemain. J’essaie de faire confiance au temps, en me disant que si cette idée ne revient pas c’est qu’elle n’était pas si bonne que ça mais que, si elle revient, elle sera épanouie… Ou trouves-tu ton inspiration et quels sont tes thèmes préférés ? Quelques soit le thème ou l’inspiration, mon souci est de tout ramener à la dimension humaine, le ressenti que tout individu peut tirer d’une situation, c’est cela que je cherche à évoquer car c’est ce qui me semble le plus incommunicable, de par sa complexité, sa profondeur et ses nuances. L’histoire, ou le décor ne sont finalement qu’accessoires, j’aime qu’on lise entre les lignes. Est-ce que ta gomme est un instrument utile pour écrire ? Comme je le disais auparavant, ma gomme, c’est plutôt ma mémoire. Encore que, je me dis beaucoup mes propres textes, sans la musique, pour les affiner et être au plus prêt de mon propre langage, en chasser ce qui pourrait être un verbiage intelligent et lui donner la spontanéité nécessaire. As-tu un ordre bien défini , paroles puis musique ? La rythmique et la mélodie te « trottent »-elles déjà dans la tête ? De plus en plus, ce sont les textes qui me viennent en premier, après je prends appui dessus et leur cherche une musique. C’est vrai qu’au début, les deux venaient plus fréquemment ensembles. Mais il m‘arrive encore dès que j’ai le début d’un texte, un ou deux couplets, d‘en chercher la musique pour me porter dans l’écriture, en préciser le climat. Une des particularités d’être auteur, compositeur et interprête, fait que les trois facteurs principaux de la chanson, les trois réalisateurs, sont réunis à chaque étape, je pense dès le texte ou dès la mise en musique à mon envie d’interprétation. La page blanche te hante t-elle ? Il m’est arrivé d’avoir de longues périodes où je ne faisais que des brouillons, et c’est vrai que quand cela dure trop longtemps, je commence à angoisser. Je me dis bien que cela finira par revenir et que la prochaine fois, je serais plus serein mais on verra bien. Je n’écris de toute façon pas énormément, une chanson par mois est déjà pour moi une bonne cadence, et chaque chanson à son pesant d’angoisse, est-elle pertinente, apporte-t’elle quelque chose à mon répertoire, n’ai-je pas déjà dit la même chose dans une autre… etc… As-tu des périodes privilégiées pour écrire ? Peux-tu écrire à la demande ? Non, un texte m’arrive n’importe quand, en voiture, en lisant, en discutant, alors, quoi que je fasse, je lui donne la priorité, je note et je fouille, je tire sur le fil de l’inspiration, jusqu’à ce qu’il casse ou que j’ai un texte entier, je vais voir où m’emmène cette inspiration. A la demande c’est très difficile. C’est comme d’écrire sur quelque chose en particulier, je préfère me nourrir et me faire surprendre par l’inspiration. Ecris-tu pour d'autres ? Trés occasionnellement, et laborieusement pour les mêmes raisons que j’évoques plus haut. Avec la difficulté supplémentaire de devoir se projeter dans la personne pour qui l’on écrit. Ecrire est-il vital pour toi? Il est évident que lorsque l’on développe un mode d’expression tel que l’écriture ou le chant, c’est qu’on en a besoin. On compense ici ce qu’on n’arrive pas à formuler autrement. Et cela devient vite une respiration essentielle, même deux respirations, l’écriture et le chant, qui sont deux ouvertures différentes et complémentaires vis-à-vis des autres. Les périodes d'écritures sont-elles éxaltantes ou déprimantes ? Elles sont un peu ce qu’est la vie, c’est à dire l’une et l’autre. Mes chansons ne se nourrissent que de mes doutes, mais quand l’une d’elles arrive, elle s’accompagne d’un véritable sentiment d’excitation ! Si tu devais donner un seul conseil à un débutant parolier , ce serait lequel? Celui de lire et d’écouter, pour nourrir son inspiration, en ne se laissant guider que par sa propre sensibilité, sa seule émotion. Et d’aller chercher, même pour la légèreté, ses aspirations les plus profondes. Ta chanson préférée ? Si c’est une chanson à moi que tu veux, je suis à peu près incapable de répondre, tant elles sont chacune particulières et reliées à des intentions personnelles. Si c’est une chanson d’un autre, je dirais « Les Marquises » de Jacques Brel, parce que je la chante depuis une dizaine d’années sans me lasser ni du climat, ni du moindre mot. Y a t-il une question , auquelles tu aurais aimé répondre et que je ne t'ai pas posée ? Peut-être, le besoin d’écrire ou de chanter est-il génétique ?… Merci Laurent , et bonne chance .
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