Bruno Ruiz

RENCONTRE   AVEC....
BRUNO RUIZ


Depuis quand écris-tu et qui t'as donné l'envie d'écrire ?

J’écris de la poésie depuis l’âge de douze ans et des chansons depuis que j’en ai dix huit. Il me semble que ce ne sont ni les écrivains ni les livres qui m’ont donné l’envie d’écrire, mais plutôt une volonté mystérieuse de vouloir nommer le monde, une quête du sens caché des choses et des êtres qui m’entourent, un doute métaphysique. Au départ, c’était aussi une incapacité à me faire comprendre dans ce que je ressentais intimement, à communiquer. J’écris toujours et encore pour toutes ces raisons. C’est également ce que je recherche dans la poésie que je lis et que j’apprécie. Au fond, un désir de répondre à des questions qui n’ont pas de réponses…
Comment pratiques-tu ? As-tu une méthode de travail ?
C’est toujours de la poésie que j’écris. Et d’une façon ou d’une autre, il faut que je lui donne voix, une représentation. La poésie est un chant. Que je chante ou que je dise, c’est un engagement physique, social, profond. Le jour où j’aurai une méthode unique, je changerai d’activité, écrire n’aura plus pour moi aucune utilité.
Ou trouves-tu ton inspiration et quels sont tes thèmes préférés ?La vie, l’amour la mort, les mots, l’engagement. Un peu comme tous ceux qui écrivent, je crois… La poésie naît toujours chez moi d’une souffrance à dépasser. J’use souvent de l’impératif, mais il s’adresse d’abord à moi avant de s’adresser aux autres. Je ne suis pas un donneur de leçon mais j’aime dire ce que je pense. Hélas, même quand on ne me le demande pas !
Est-ce que ta gomme est un instrument utile pour écrire ?
Oui, mais ce n’est pas le premier. Le premier c’est le stylo ! Je rature plus que je ne gomme. Et puis aujourd’hui, je finalise à l’ordinateur. Le texte se modifie, se modèle, il bouge sans cesse et finit par se stabiliser à force de travail.
As-tu un ordre bien défini, paroles puis musique ? La rythmique et la mélodie te « trottent »-elles déjà dans la tête ?
Je commence toujours – ou presque – par le texte, et par conséquent par la rythmique, mais je ne sais pas à ce moment précis s’il deviendra ou non une chanson. Lorsque le texte est fini, la mélodie est presque une évidence, cadrée par la prosodie.
La page blanche te hante t-elle ?
Non, mais il m’arrive d’avoir de longues périodes sans écrire et cela finit parfois par me tracasser. Avec le temps, j’ai compris que c’est pendant ces périodes que l’écriture était « en travail ». Cet état de maturation est assez pénible.
As-tu des lieux privilégiés pour écrire ? Peux-tu écrire à la demande ?
Non, j’écris n’importe où, des choses brèves, jaillies. Je rassemble et je prolonge après. La durée varie entre quelques heures et plusieurs dizaine d’années car il m’arrive de reprendre des bribes anciennes et de les fondre dans des textes plus récents. Il m’arrive d’écrire aussi à la demande pour le théâtre en particulier. J’écris alors par nécessité, sous le contrôle du metteur en scène. Dans mes récitals, il me manque parfois des chansons charnières pour la cohérence dramaturgique. Je les écris pour répondre à ce besoin.
Ecris-tu pour d'autres ?
Vers la fin des années 80, j’ai essayé de travailler avec Juliette, mais ça n’a pas marché. J’ai beaucoup d’admiration pour ce qu’elle chante et d’amitié pour elle, mais nous ne chantons pas pour les mêmes raisons, nous ne cherchons pas les mêmes choses. Je crois que c’est une véritable chanteuse. Je ne suis qu’un poète qui chante. En général, je n’écris pas pour les autres, mais il arrive que des chanteurs interprètent mes chansons.
Ecrire est-il vital pour toi ?
Disons que je n’ai jamais pu envisager ma vie sans écrire. Mais cela changera peut-être. Tu sais, cela demande beaucoup d’énergie la poésie ! Je ne sais pas si on la garde en vieillissant.
Les périodes d'écritures sont-elles exaltantes ou déprimantes ?Les périodes d’écriture sont toujours exaltantes. La déprime vient juste après…
Si tu devais donner un seul conseil à un débutant parolier, ce serait lequel ?
 « Sois » plutôt que « parais ».
Ta chanson préférée ?
Impossible de répondre. Ça dépend des périodes, de moments particuliers, de l’état dans lequel je me trouve. Mais j’écoute plus de musique que de chansons…
Y a t-il une question à laquelle tu aurais aimé répondre et que je ne t'ai pas posée ?
Non. Tu poses des questions auxquelles j’ai répondu plusieurs fois en presque quarante ans de métier, mais tu en as évité certaines et je t’en suis reconnaissant ! Il se trouve qu’au printemps 2008 va sortir un très long livre d’entretien sur mon parcours poétique de chanteur et mes rapports avec la chanson d’auteur et la poésie contemporaine. Des questions, il y en aura des centaines…
Merci Bruno ......tu nous as mis l'eau à la bouche , et l'on attend avec impatience la sortie de ce nouveau livre !
Bientôt également, un autre article sur la carrière de Bruno Ruiz sur......3-2-1-chansons .
A visiter également le site de Bruno !
 
 



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